La justification scientifique de la vaccination obligatoire repose sur le principe que la vaccination empêche la transmission à d’autres personnes. Cependant, une correspondance basée sur plusieurs études et publiée dans la revue The Lancet Infectious Diseases révèle que les vaccins contre la COVID-19 n’empêchent pas la transmission à d’autres personnes, même vaccinées, rendant obsolètes la vaccination obligatoire et l’utilité du passeport vaccinal.

Pourtant, selon un sondage publié par l’INSPQ, 75% des répondants pensent que l’utilisation du passeport vaccinal est une mesure de prévention efficace de la COVID-19. Comment expliquer cet anachronisme?

J’avance que les mentalités façonnées par l’acquisition de connaissances scientifiques évoluent plus lentement que ces mêmes connaissances. La COVID-19 et la science évoluent rapidement, et les mesures sanitaires doivent être ajustées tout aussi rapidement afin de correspondre au mieux à la réalité sur le terrain afin de mitiger la pandémie tout en minimisant les effets collatéraux sur la société. Cela exige que les plus récentes avancées scientifiques soient comprises et considérées par nos politiciens et leurs conseillers dans leurs réflexions et leurs prises de décision, puis véhiculées de manière compréhensible par les médias auprès de la population afin d’expliquer le raisonnement scientifique qui sous-tend les décisions politiques. D’aucuns diraient que l’arrimage des mentalités avec la science – dont la nature même échappe à plusieurs – représente un énorme défi de communication, qui doit cependant être relevé pour maintenir la cohésion et la paix sociale.

L’arrivée du variant Omicron, plus contagieux et moins grave que les précédents, change complètement la donne, en ce qu’il a le potentiel d’étendre rapidement l’immunité collective et d’offrir une voie naturelle de sortie de crise vers l’endémicité. En ce moment charnière de la pandémie, il est important que le gouvernement de la CAQ corrige la perception des Québécois et adapte rapidement ses mesures sanitaires à la lumière des meilleures connaissances scientifiques. Mais rien n’est moins sûr, en cette année électorale, une période au cours de laquelle les partis au pouvoir cherchent habituellement à s’y maintenir grâce à l’annonce stratégique de mesures électoralistes.

En espérant que le gouvernement de la CAQ fasse la juste part des choses, dans l’intérêt supérieur de la collectivité, de quel côté penchera-t-il: du côté des scientifiques ou de ses électeurs?

La prise de décision politique fondée sur la science et la véritable santé publique seront-elles sacrifiées sur l’autel du pouvoir?

Patrick Provost PhD